Difficultés d’installation du nouveau Vélib’, transports perturbés par les intempéries, ou encore pics de pollution à répétition, la Maire de Paris traverse une mauvaise passe. Pour relancer son mandat, elle a annoncé début janvier la tenue, au printemps prochain, « d’une votation citoyenne » sur la fin des véhicules diesel et à essence, à Paris, dès 2030. Un bon moyen de jauger la popularité de sa politique anti-voiture, remise en cause fin février par le tribunal administratif de Paris. A ses détracteurs, Anne Hidalgo pourrait volontiers répondre ceci :

1) La circulation automobile est la première source de pollution à Paris

D’après le bilan 2016 d’Airparif, l’organisme indépendant en charge du contrôle de la qualité de l’air en Île-de-France, Paris dépasse très régulièrement les taux maximums de concentration en particules fines dans l’air recommandés par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Le principal responsable ? Le trafic routier ! Il émet plus de la moitié des particules fines que respirent les Parisiens. Avec leur très faible diamètre, ces polluants volatiles sont cancérigènes et peuvent provoquer de graves maladies respiratoires et cardiovasculaires. A cela il faut ajouter une particularité du parc automobile français : sa « diésélisation ». En effet, les véhicules diesel émettent plus de particules fines que ceux à essence. Moins de voitures à Paris comme le prône Anne Hidalgo pourrait sauver chaque année plus de 2 400 vies dans la capitale, et presque le double en proche banlieue, estime Santé Publique France, l’agence nationale de santé publique.

2) Une voiture, ça prend de la place et ça coûte cher !

Avec plus de 21 000 habitants au km2, pas facile d’envisager une voiture individuelle, et la place de parking qui va avec, pour chaque Parisien en âge de conduire ! Alors oui, cher automobiliste, il s’agit bien-là d’une restriction de votre liberté individuelle de vous déplacer d’un point A à un point B. Seulement, à moins de construire des routes suspendues qui dénatureraient notre belle capitale, il n’y a probablement pas assez de place à Paris pour autant de voitures. Si vous n’êtes toujours pas convaincu, regardez les coûts collectifs indirects qu’engendre un véhicule. Embouteillages, accidents ou encore réchauffement climatique sont autant de dépenses supportées par la société et non par les automobilistes. Selon une étude de l’INRIX, la facture pourrait s’élever en France à plus de 350 milliards d’euros entre 2013 et 2030.

3) A Paris, il y a plein de transports alternatifs à la voiture individuelle

Avec 100% des Parisiens habitant à moins d’un kilomètre d’une station de transport ferrée, la capitale française est d’ailleurs la ville la mieux desservie au monde en matière de transports en commun, selon une étude de l’Institute for Transportation and Development Policy (ITDP) d’octobre 2016. Anne Hidalgo, la région Ile-de-France et l’Etat français travaillent ensemble pour développer l’intermodalité, c’est-à-dire l’utilisation conjointe de plusieurs moyens de transport public. Cela se traduit notamment par 7,3 milliards d’euros investis pour rénover le métro et le RER, et 30 milliards pour le futur métro automatique du Grand Paris. Il faut aussi mentionner la mise en place de flottes de vélos et véhicules en libre-service, dont les effets positifs ne sont pas qu’environnementaux. Star de l’autopartage et tête d’affiche pour redorer l’image de Paris, Autolib’ constitue une première mondiale de par son échelle, la complexité du maillage de ses stations, et sa technologie (bornes et application mobile).

4) La piétonnisation favorise la consommation locale et redynamise le centre-ville

Cet argument peut sembler paradoxal à l’heure où certains critiquent la Mairie de faire de Paris une ville-musée, désertée par ses habitants en son cœur historique. C’est vrai que l’on pourrait croire que les zones piétonnes ne profitent pas aux commerces, et feraient même fuir les potentiels clients automobilistes. Dans les années 1970 pourtant, plusieurs villes européennes comme Cologne ou New Castle ont piétonnisé, avec succès, des portions de centre-ville à des fins commerciales. Une manière de rebooster ces quartiers face aux périphéries des grandes surfaces.

Pour l’économiste Laurent Davezies, la consommation locale des résidents (riverains + touristes) génèrerait 40% des revenus d’une ville. Autrement dit, une ville est d’autant plus riche que ses habitants consomment sur place. D’où la nécessité de rendre ces zones urbaines plus agréables pour ceux qui y vivent, et de tout mettre en œuvre pour ne pas qu’ils les désertent une fois les vacances venues.

Une station vélib dans une rue parisienne (Source: Pexels.com)

Bien-sûr, tout n’est pas si rose à Paris ! Citons, au hasard, les difficultés financières d’Autolib’, le retard de mise en circulation du nouveau Vélib’, l’absence d’anticipation du boom des vélos « flottants » type GoBee ou Ofo, ou encore les rares aides à l’achat d’une voiture électrique. Néanmoins, la ville est sur la bonne voie, et participe à un changement culturel profond qui met l’usage du moyen de transport au cœur du système plutôt que sa simple possession. A la Mairie de poursuivre dans cette direction, tout en s’appuyant au maximum sur les besoins et le soutien des Parisiens. Une pétition en ligne a d’ailleurs été lancée pour que les quais de Seine restent piétons, suivie le 10 mars dernier, du rassemblement citoyen « Sauvons les Berges ». Des idées et pratiques sont également bonnes à prendre de projets européens, comme ENTRUST et sa plateforme qui permettra aux citoyens de faire des recommandations, notamment dans le domaine du transport durable.

GILLES QUENEHERVE
Project Manager
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