Robot-journalisme, algorithmes, réseaux sociaux, fact-checking… L’information d’aujourd’hui surfe sur la vague de l’innovation digitale, pariant sur de nouveaux formats et plateformes de diffusion, où la plume du journaliste côtoie de plus en plus celle de la machine.

18h45. Les parapluies se pressent aux portes de la Maison de la Radio. En quelques minutes à peine, le mythique Studio 104 est pris d’assaut. Au programme de cette deuxième édition de « Newstorm », une série de présentations-débats sur le thème de l’innovation dans les médias. C’est vrai qu’à l’heure du tout digital et d’une certaine uniformisation des contenus proposés, on se demande bien comment est faite l’info ?

« Il y a une grande crise de l’information qui s’est très bien illustrée lors de l’élection de Trump et de la façon dont cela s’est passé, avance d’entrée de jeu Vincent Giret, directeur de France Info. C’est une crise grave, profonde, durable et qui passe par une défiance à l’égard des médias traditionnels et des journalistes. Aujourd’hui, plus de la moitié des Américains s’informent d’abord sur les réseaux sociaux et sont en contact avec de fausses infos, des approximations, des fake news. »

Collaborer pour lutter contre la désinformation
Pour contrer la prolifération d’informations non-vérifiées qui circulent en ligne, le projet CrossCheck est devenu une arme puissante. Née fin 2016, peu avant les élections présidentielles françaises, cette initiative unique en son genre a permis à 16 rédactions françaises de collaborer ensemble à la vérification de contenus, photos, vidéos ou commentaires douteux. Avec plus de 600 thématiques suggérées par les internautes, « nous avons voulu montrer au grand public et de manière transparente, les étapes de vérification : détection des rumeurs, vérification validée par au moins deux rédactions partenaires, et diffusion d’une dépêche rédigée par une équipe d’étudiants en journalisme », détaille Marie Bohner, coordinatrice pour la France de CrossCheck. Porté par le réseau First Draft, le Google News Lab et Facebook, CrossCheck a remporté en 2017 le Online Award Journalism.

Algorithmes et robots personnalisent l’info
Depuis plusieurs années déjà, des agences de presse (Reuters, Associated Press ou encore l’Agence France Presse) automatisent la rédaction de certaines dépêches financières ou résultats sportifs. Pour le moment, les robots sont loin d’avoir envahi les rédactions et ne les envahiront probablement pas. En effet, « l’intelligence qui arrive est assez bête, estime le sociologue Dominique Cardon. Apparue en 1956 aux Etats-Unis, l’Intelligence Artificielle (IA) est « statistique et a besoin d’énormément de données pour arriver à produire des prédictions, étonnamment de plus en plus pertinentes », observe-t-il.

Ainsi, nos choix comportementaux et conversationnels sur les réseaux sociaux participent à « l’éducation » des algorithmes. C’est ce qu’a également constaté Audrey Cerdan, journaliste à L’Obs, lors d’une expérience journalistique étonnante : un chatbot (robot conversationnel) proposant aux internautes de suivre, et recevoir chaque semaine via Facebook Messenger, des nouvelles de quatre électeurs indécis (mais bien réels), durant les dernières présidentielles françaises. « Nous avons fait un vrai travail d’écriture et aussi sur la façon de raconter une histoire différemment », se souvient-elle.

En plus d’offrir de nouvelles formes d’écriture, les algorithmes et l’IA pourraient créer de nouveaux métiers, comme « designer de conversation » pour rendre le plus naturel possible les échanges robots-humains.

Aller chercher les lecteurs là où ils sont
Avec l’Internet mobile et le boom des smartphones, le contact avec l’actualité est constant et se mélange souvent avec les messages de la sphère plus privée. Pour Elamin Abdelmahmoud, responsable médias sociaux à BuzzFeed Canada, « les gens ne sont plus intéressés par aller sur un site web. Ils préfèrent rester sur les réseaux sociaux qui sont plus dynamiques ». C’est d’ailleurs la stratégie adoptée par Facebook, qui, depuis 2015, propose grâce à un algorithme de publier directement des contenus sur sa plateforme.

Elamin Abdelmahmoud, responsable médias sociaux à BuzzFeed Canada, interrogé par Célia Mériguet, directrice de l’antenne numérique de France Info.

Instagram, Snapchat ou encore Facebook, les réseaux sociaux sont en train de devenir de nouveaux supports de l’information, mais avec quel modèle de rentabilité ? « Pour vous donner un exemple, un rédacteur a obtenu 20 000 millions de vues sur Facebook, rémunérées à peine 500 dollars ! », lance Elamin Abdelmahmoud. Selon lui, une première avancée serait de « construire des équipes de journalistes qui travailleront ensemble pour trouver le meilleur moyen de présenter chaque information sur les réseaux sociaux ».

Mathilde BAZIN-RETOURS
Outreach Designer
Meet me on LinkedIn

Soyez le premier à être au courant lorsqu’on publie un article! Inscrivez vous ici pour recevoir nos articles automatiquement.

Les points de vue et opinions exprimés dans cet article sont uniquement ceux des auteurs originaux et des contributeurs. Ils ne représentent pas nécessairement ceux de LGI ou de la totalité de ses salariés.

RECENT POSTS