NOTRE MANIFESTO
Il ne s'agit pas de sauver la planète. Dans tous les scénarios, la Terre finira par s'en sortir. Au cours des quatre derniers milliards d'années, il y a déjà eu cinq extinctions massives, et de nouvelles formes de vie sont toujours apparues. La nature peut se passer de l'homme - mais l'homme ne peut pas se passer de la nature. Il s'agit de sauver l'humanité dans un monde vivable.
Mauvaises mesures. La chasse au PIB comme seul indicateur de performance économique appartient au passé. Le débat sur la décroissance économique radicalise les opinions, alors que nous devons collectivement trouver des solutions innovantes : malgré tous les efforts nécessaires pour réduire l'empreinte de chacun (décroissance individuelle), cela ne suffira pas, dans les scénarios actuels, à compenser l'impact global d'une population mondiale qui augmentera au moins jusqu'aux années 2060 (la décroissance démographique étant absente des agendas politiques). Le principal défi du XXIe siècle sera probablement la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
L'innovation n'est pas une technologie. Les cimetières regorgent de technologies passionnantes qui ne sont jamais arrivées sur le marché, car on confond souvent technologie et innovation. Pour avoir un impact, l'innovation durable sera polymorphe et combinera généralement la technologie, l'innovation sociale, les solutions basées sur la nature, les nouveaux modèles d'entreprise ou les nouvelles approches financières.
L'innovation durable fait partie de la réponse. Pour relever les immenses défis du changement climatique, de l'effondrement de la biodiversité et de l'épuisement des ressources naturelles, il faut une combinaison de volonté politique, d'engagement sociétal et d'engagement financier. Les solutions innovantes ont le potentiel de débloquer les statu quo actuels et d'apporter des idées révolutionnaires. Cela est particulièrement vrai dans les secteurs verticaux clés de la durabilité :
- L'énergie propre n'existe pas. Toutes les sources d'énergie ont des externalités négatives : même les sources à faible teneur en carbone présentent des risques industriels, des flux de déchets, une empreinte carbone de niveau 3, un impact sur la biodiversité ou des répercussions socio-économiques. Malheureusement, le débat politique stérile qui oppose sans cesse le nucléaire aux énergies renouvelables détourne les priorités de ce qu'elles devraient être : l'électrification massive de l'utilisation de l'énergie (mobilité, bâtiments, industrie) et la décarbonation de la production d'électricité. Chez LGI, notre position est claire : nous avons besoin d'un mélange de toutes les sources d'énergie à faible teneur en carbone et d'une transition radicale loin des options carbonées à base de combustibles fossiles, tout en mettant l'accent sur la sobriété énergétique. L'innovation a le potentiel de répondre à tous ces besoins.
- La mobilité est un bien essentiel. Une conversation semble émerger sur la "démobilité" comme moyen de décarboniser les modèles humains. En poussant ce raisonnement à l'extrême, on aboutirait à un monde où les sociétés humaines deviendraient virtuelles, comme un nouvel âge des ténèbres dystopique. La mobilité des personnes, des biens et des services est absolument essentielle pour un village mondial éclairé, et de nouvelles solutions seront nécessaires pour permettre un transport à faible émission de carbone et à faible impact, depuis la micro-mobilité urbaine jusqu'aux voyages aériens à longue distance.
- Les ressources matérielles sont limitées. Les économies ne peuvent pas puiser indéfiniment dans les matières premières et autres ressources naturelles. Le "Earth Overshoot Day" (jour du dépassement de la Terre), symbolisant le moment où notre empreinte globale correspond à ce que notre planète peut fournir en un an, tombe plus tôt dans le calendrier d'année en année. Les solutions devront venir de la circularité, de la sobriété et de la relocalisation.
De nombreuses entreprises, si ce n'est la plupart, poursuivent un seul objectif : augmenter la valeur pour leurs actionnaires. Le 'triple bilan' (Planète, Personnes, Profit) reste encore trop souvent limité à des rapports extra-financiers sans réel impact (dans le meilleur des cas) ou à de l’écoblanchiment pur et simple (dans le pire des cas). Cependant, nous pensons que les années 2020 peuvent être la décennie du changement : les modèles d'entreprise évoluent, l'impact devient une réalité, et les parties prenantes aspirent à devenir des acteurs du changement. Comprendre cela est essentiel pour collaborer sur l'innovation durable sans malentendus ni faux-semblants.
Les humains sont les héros de leur changement. Dernier point, mais non des moindres, l'innovation ne peut atteindre l'impact escompté si elle ne prend pas en compte l'humain. Des politiques de changement ambitieuses mais maladroites ont souvent suscité des réactions massives – par exemple, le mouvement des Gilets jaunes en France contre une taxe carbone socialement aveugle, ou l’échec historique d’une transition radicale vers l’agriculture biologique au Sri Lanka. L'engagement de toutes les parties prenantes, y compris les citoyens lorsqu'il est pertinent, devient le nouveau paradigme de l'innovation pour un changement durable.
QU'EST-CE QUE L'INNOVATION DURABLE ?
Selon notre définition, l'innovation durable consiste en une innovation ayant un impact positif, dont l'objectif principal est de résoudre un problème environnemental, sociétal ou social, tout en garantissant la durabilité de son modèle économique et en tendant vers l'absence d'externalités négatives.
L'innovation apparaît donc comme un levier pour la durabilité, facilitant les transitions vers un monde plus durable. Elle contribue à la mise en œuvre des objectifs de développement durable (ODD) des Nations unies et d'autres programmes (GIEC, IPBES, etc.). Et vice versa, le défi de la durabilité motive l'innovation tout en maximisant l'impact positif.